Moby-Duck : l'histoire vraie des 28.000 canards en plastique perdus dans l'océan
En janvier 1992, un porte-conteneurs fait naufrage entre Hong Kong et la côte Est des Etats-Unis, perdant une partie de sa cargaison : ce sont près de 28.000 canards en plastique (pour être précis, il ne s'agit pas seulement de canards, mais aussi de tortues, de grenouilles et de castors) qui se retrouvent alors dispersés dans l'océan. Fasciné par ce fait divers insolite, l'écrivain et professeur Donovan Hohn décide de mener l'enquête, et en tire un ouvrage, Moby-Duck, qui paraîtra le 3 mars aux Etats-Unis (Viking).
© Moby-Duck : l'histoire vraie des 28.000 canards en plastique perdus dans l'océan !
Selon une critique très élogieuse du New York Times, Moby-Duck est bien plus qu'un document autour de cette affaire qui a bientôt vingt ans. Les canards en plastique ayant conduit l'auteur à se poser des questions plus générales, concernant aussi bien les conditions de fabrication des jouets en question, que l'impact environnemental de ce genre d'accident, ou encore la place de certains animaux dans l'imaginaire et l'évolution des jeux des enfants.
Dans le cadre de ses recherches, Donovan Hohn entre en contact avec Curtis Ebbesmeyer, océanographe spécialisé dans l'étude du mouvement des épaves, investi dans la protection de l'environnement, et qui s'est justement mis en tête de retrouver les jouets naufragés. Ebbesmeyer lui suggère, pour son enquête, de participer en vrai à la pêche aux canards en plastique en Alaska - point d'arrivée de quelques-uns d'entre eux. Donovan Hohn retrace son expérience : ses voyages en ferry, sa découverte des paysages de l'Alaska, mais aussi sa rencontre avec les autres participants de l'aventure. Des chercheurs, ou des volontaires venus nettoyer les plages (les « beachcombers »), sur lesquels il n'hésite pas d'ailleurs à porter un regard critique, allant jusqu'à demander : finalement, l'énergie employée à amener les beachcombers sur place, puis à exporter les déchets ramassés, équivaut-elle aux bienfaits apportés par ce genre d'action ?Le voyage ne s'arrête pas là. Hohn se retrouve notamment dans le Sud d'Hawaïi, sur une plage jonchée de détritus. Puis en Chine, dans le Delta de la rivière des perles, là où ont été fabriqués les fameux jouets, les « Friendly Floatees ». Avant de finir sur un bateau, quelque part entre le Détroit de Bering et les Territoires du Nord-Ouest, sur la route que les Floatees auraient dû emprunter. Mais peu importe si à la fin de son récit, Hohn n'a pas entièrement résolu le mystère des canards à la dérive. Il a eu pour lui le temps de la découverte, celui de la réflexion et de l'aventure. Déjà pas mal ? Déjà beaucoup. L'article du New York Times précise, en conclusion, que le prof d'Anglais, évidemment fan de Melville pour avoir choisi ce titre, a même rencontré en mer un second capitaine qui l'a abordé avec la célèbre question d'Achab : « Vous avez pas vu la Baleine Blanche ? ». A laquelle Hohn aura pu répondre : « Vous avez pas vu le canard jaune ? »
Donovan Hohn, Moby-Duck : The True Story of 28,800 Bath Toys Lost at Sea and of the Beachcombers, Oceanographers, Environmentalists, and Fools, Including the Author, Who Went in Search of Them, Viking, 2011.
Illustrations :1. Couverture de Moby-Duck2. Photo de Curtis Ebbesmeyer : Wikimedia Commons.
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