MOURMANSK .
Le ciel est gris, le sol est noir, noir de charbon, il n'y a pas plus noir, auquel s'ajoute la poussière, noire bien sûr.
Les formes sont cubiques, anguleuses, pointues, métalliques. Dans cette ambiance noirâtre émergent quelques couleurs: jaune, bleu, vert, rouge, couleurs brutes, industrielles aux aplats grisés, statiques, froids. Ceux sont des orangés de minium, des rouges profonds, des bleus durs, des bruns roux. Les seules vibrations viennent des reflets des coques de bateaux dans le miroitement de l'eau noire de plomb. Coriolis 14 est là, tache blanche sur fond de coke. Cet endroit est hostile, réfractaire et pourtant c'est un port en pleine activité. Des guirlandes de trains n'en finissent pas d'aller et venir en va et vient permanent, tantôt à vide, tantôt chargés de charbon. Les grues, grands échassiers fendent le ciel, émergent des montagnes de charbons, vident et rechargent les cargos en continu. Des bruits incessants de crissements, de grincements, de grondements caressent nos oreilles tout au long du jour. Il pleut. La pluie nettoie le ciel, le purifie de sa poussière qui se dépose en fine pellicule sur tout ce qu'elle rencontre. Quelques fleurs roses pourpres arrivent à maturité comme par enchantement, dénotent et diaprent les montagnes environnantes. Les journées sans nuit s'imposent à nous troublant notre biorythme, pas de faim, pas de sommeil, nous sommes suspendus dans le temps et cependant elles passent sans ennuis.
Le 29 juillet 2012
Marie-Pierre Servantie.
crédites photo: Coriolis 14
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