Quand j’ai aperçu cette goélette de caractère, le coup de foudre a été immédiat. Son constructeur ne m’a dit qu’une phrase : « J’aimerais la transmettre à une famille qui voudrait faire un Tour du Monde». Le sort était scellé.
23,84 mètres de finesse, de robustesse et d’élégance pour 5,56 mètres de largeur, de quoi offrir de magnifiques cabines et quatorze couchettes, la goélette est assurément le voilier de croisière désigné pour accomplir le premier tour du monde à la voile par les pôles. Le bijou que je recherchais tant.
Un bijou, assurément. La goélette, construite sur plan de l’architecte italien Mauro Stefeni, offre un volume magistral à l’extérieur comme à l’intérieur, où il fait bon vivre. Son équipement technique complet et son aménagement haut de gamme en font un voilier idéal pour la croisière au long cours tandis que ses deux moteurs puissants et son gréement divisé apportent une facilité de manœuvre hautement appréciable. C’est peu dire si l’on ne tombe pas immédiatement sous le charme de ce bateau de caractère, dernière recrue de l’équipage en route pour cette extraordinaire aventure, ce premier tour du monde à la voile par les deux pôles.

Une telle goélette ne pouvait évidemment pas s’encombrer d’un nom banalisé dans les ports touristiques où l’âme des voiliers se meurt sur les pontons peu souvent visités. Une telle goélette devait porter un nom digne de son charisme et digne de cette aventure. Or, quel autre nom que celui de « Coriolis » aurait été plus à même de relever fièrement la noblesse de cœur de ce voilier au destin unique ?

Coriolis, l’effet Coriolis, cette force inertielle agissant perpendiculairement à la direction du mouvement d’un corps en déplacement dans un milieu lui-même en rotation uniforme, force nommée en l’honneur de l’ingénieur français Gaspard Gustave Coriolis, dont l’application la plus importante est sans conteste en océanographie.
Au XVe siècle, on savait déjà que les vents de l'hémisphère Nord formaient une boucle tournant vers la droite. Les navigateurs portugais qui suivaient la côte de l'Afrique à la recherche de la route maritime vers l'Inde rencontraient des vents contraires au-delà de l'équateur. Bartolomé Dias eut l'idée que ces vents formaient également une boucle tournant vers la gauche. Il utilisa cette intuition pour naviguer plus rapidement vers le sud de l'Afrique et découvrit ainsi le Cap de Bonne-Espérance.
Aujourd’hui, nous allons réaliser le premier tour du monde à la voile du Nord au Sud. Quelle plus belle image que cet effet de Coriolis, mouvement expliquant les courants des pôles que nous allons traverser et qui vont nous accompagner sur ce périple.

Mais Coriolis ne suffisait pas comme nom pour notre goélette, il fallait un nombre accolé à ce nom. Tous les grands rois portent un nombre, les Républiques également, les sportifs,  ou nos footballeurs français. Un seul nombre pouvait être à la hauteur de cette expédition inédite, un seul nombre représentatif de cette aventure qui fera date dans l’Histoire. Ce nombre, c’est le quatorze. Quatorze parce que double du sept, chiffre d’or, mon chiffre porte-bonheur, quatorze parce que numéro de la bite d’amarrage donné par la ville de Bordeaux pour la goélette, enfin et surtout, quatorze parce que le carbone quatorze est le marqueur du temps. Magellan a été le premier à réaliser le tour du monde d’Est en Ouest, en 1519. Depuis les marins du monde entier naviguent dans ce sens. Nous serons les premiers à ouvrir une nouvelle voie qui deviendra sans aucun doute une voie navigable pour les cargos dans le futur. Nous ferons date dans l’histoire et cela, grâce à notre goélette, Coriolis 14©.